[(I. [*Cadre institutionnel*])]
- a) Cadre général
Si l'enseignement supérieur britannique a été historiquement marqué par de fortes différences entre l'Angleterre, l'Irlande et l'Écosse, la deuxième partie du vingtième siècle ainsi que le début du vingt et unième siècle ont été d'importantes périodes de normalisation de l'ensemble du système éducatif du Royaume-Uni, et particulièrement en ce qui concerne l'enseignement supérieur (à la faveur notamment de l'harmonisation européenne ces dernières années). Les universités sont ainsi quasiment devenues les seules institutions d'enseignement supérieur, ce qui explique d'ailleurs qu'une seule structure réunisse à présent des fonctions et des finalités relativement différentes. Dans l'ensemble, il est possible de recenser 169 établissements universitaires britanniques regroupant environ 2,3 millions d'étudiants (dont environ 13% d'étrangers). 168 universités sont publiques et une seule est privée (Université de Buckingham).
- b) Cadre légal
Deux lois ont réformé l'enseignement britannique : l' « Education Reform Act » (1988), et le « Further and Higher Education Act » (1992). Ces lois ont permettent à présent de distinguer cinq types d'universités : les anciennes universités créées entre le douzième et le seizième siècle, les universités « Redbrick » ou « civic » qui datent du dix-neuvième siècle ou des années 1950, les « New Green Field » ou « Plate-Glass » construites hors des centre-villes au début des années 1960, les « new Universities » qui sont des collèges techniques transformés en universités en 1966-1967, et enfin les « Post 1992 » ou « New Universities » qui sont des instituts techniques ou « Polytechnics » transformés en universités après 1992.Pour les raisons historiques dont nous venons de rendre compte, mais également du fait de choix politiques libéraux, les universités sont aujourd'hui des organismes légalement autonomes, simplement cadrés par une Charte Royale (pour une analyse plus détaillée du statut légal des universités, nous renvoyons à notre compte-rendu sur la gouvernance des universités britanniques.
[(II. [*L'accès aux universités*])]
- a) Conditions d'admission à l'Université
Les étudiants désireux de s'inscrire dans une Université du Royaume-Uni doivent avoir passé un examen validant la fin de leurs études secondaires. Ce diplôme leur permet de solliciter leur admission dans cinq universités. Chaque Université dispose ensuite de la liberté de sélectionner les étudiants de son choix.
- b) Frais d'inscriptions et de scolarité
Les frais d'inscription et de scolarité sont librement fixés par les institutions universitaires, dans la limite de 4500 euros pour le premier cycle, avec une moyenne observée d'environ 1500 euros. En ce qui concerne le master, les frais sont totalement libres et déplafonnés.
- c) Aides aux étudiants
L'un des critères d'allocation des aides de l'État aux différents organismes universitaires est celui du financement des étudiants défavorisés, ce qui signifie tout simplement qu'une Université qui refuserait de mettre en place des systèmes d'aides aux plus défavorisés se verrait réduire ses budgets publics. Dès lors, si les universités les plus prestigieuses (qui bénéficient de financements privés importants : frais de scolarité élevés et valorisation de la recherche) peuvent rechigner à accorder des aides sur stricts critères sociaux, en raison du risque de baisse du niveau général qu'elles redoutent parfois, le système d'aide reste toutefois globalement performant, notamment en raison du fait qu'il s'appuie, outre le système de bourses, sur des prêts bancaires étudiants à remboursements différés (après la fin des études). Le principe du « étudier maintenant et payer plus tard » ne s'applique ainsi qu'aux étudiants dont le revenu annuel dépassera £15000. En outre, dans l'accord de financement par fonds publics que négocie le HEFCE (Higher Education Funding Council for England) avec chaque Université est défini un barème d'exonération des droits pour les étudiants issus des milieux les plus défavorisés. Cette exonération est partielle et couvre jusqu'à concurrence de £1 125 des droits d'inscription (soit environ 1700€), auxquels peuvent s'ajouter des allocations de subsistance qui dépendent du coût de la vie.
[(III. [*L'organisation des études*])]
- a) Le passage au LMD
La diversité des organismes universitaires britanniques condamne la possibilité d'en effectuer une description d'ensemble. Il est toutefois possible de constater que le Royaume-Uni n'applique pas uniformément le LMD, même si les dernières réformes visent à réduire l'hétérogénéité des établissements, en partie pour répondre aux exigences du processus européen d'harmonisation. La lenteur avec laquelle les universités britanniques passent au système européen du LMD s'explique en grande partie par le fait que les masters sont plus courts (un an à un an et demi) tout en professionnalisant mieux que la moyenne européenne. Un allongement de la durée du master ne serait ainsi pas particulièrement une exigence nationale, et serait même peu compatible avec des droits d'entrée déjà beaucoup plus élevés que la moyenne européenne.
- b) La professionnalisation
La professionnalisation a toujours été une force des universités britanniques, notamment en ce qui concerne le devenir des étudiants du premier cycle. L'objectif affiché actuellement est de renforcer cette qualité déjà forte, qui repose notamment la capacité à professionnaliser ses étudiants sans nécessairement que les formations soient elles-mêmes professionnalisantes. S'il faut vraisemblablement voir cela comme une caractéristique d'un système économique plus global, dans lequel les recrutements ne dépendent pas nécessairement de la spécialisation des diplômes par exemple, il est possible de constater néanmoins que les politiques universitaires cherchent à renforcer et améliorer la bonne professionnalisation des étudiants en offrant une offre encore assez diverse en premier cycle, non nécessairement spécialisée mais en interaction de plus en plus forte avec les acteurs du monde professionnel. Cet politique se justifie notamment en raison d'une forte progression du taux d'accès des diplômés de l'enseignement secondaire à l'enseignement supérieur (de 30% il y a dix ans à 43% à l'heure actuelle) : la massification de l'enseignement supérieur entraîne la recherche de nouveaux débouchés professionnels.
- c) La longueur des études
Le diplôme de Licence (Bachelor) correspond à un nombre d'années d'études conforme à la norme européenne (3 ans). Le Master est généralement obtenu en 1 an alors que le doctorat (PhD) est lui aussi aligné sur les requisits de Bologne (3 ans).
Le système britannique se démarque donc du système européen dans la mesure où il s'oppose à l'idée d'une harmonisation des diplômes et de la longueur des études. La réussite des étudiants britanniques est parmi les meilleures au plan européen, puisque plus de 80% des inscrits obtiennent leurs diplômes, contre moins de 60% en France, alors que les taux de scolarisation dans l'enseignement supérieur sont comparables.
[(IV. [*La recherche*])]
- a) Organisation de la recherche
La recherche est exclusivement assurée par les universités.
- b) Financement de la recherche
La recherche est financée par deux vecteurs principaux. Un système public qui est lui-même double (le « Dual Support System ») : le HEFCE (Higher Education Funding Council for England) finance de façon sélective les universités (méthode d'évaluation de l'excellence dénommée les Research Assessment Exercise – RAE), à concurrence de 1814 millions d'euros pour l'année 2005-2006 qui représentent plus de 30% des financements ; les conseils de recherche proposent en plus de soutenir particulièrement certains programmes de recherche qu'ils doivent alors financer à hauteur de 80%. L'autre vecteur de financement est assuré par un certain nombre d'autres canaux, parmi lesquels les fondations, l'Union Européenne, les industries ou d'autres ministères. Les universités développent ainsi des activités complémentaires de leurs activités principales de recherche et d'enseignement, pour lesquelles elles reçoivent des financements (contrats de recherche, redevances, licences, conseil, formation continue) et elles disposent de la liberté de percevoir d'autres revenus (collectes de fonds auprès des anciens élèves, legs et donations, chaires financées par des entreprises, intérêts perçus sur certains investissements; contrats d'enseignements à destination de professionnels..).
Le financement total représente 1,9% du PIB, avec un financement public global qui représente 0,66%.
- c) Classements
L'excellence de la recherche britannique est peu contestable : 23 prix Nobel depuis 1945, deuxième pôle d'attractivité mondiale après les États-Unis, 4,7 % de la recherche mondiale mais 8 % des publications mondiales et 11 % des citations.
Dans le classement de l'Université d'État de Shanghai 2007, 11 universités britanniques sont classées parmi les 100 premières mondiales (sur 33 européennes classées) et Cambridge est la seconde du classement. Cette qualité rejaillit d'ailleurs sur le dynamisme du développement, au regard notamment de l'augmentation des inventions et des brevets, à court ou long terme, ainsi que du dynamisme des création d'entreprises (de 70 en 1997 à 197 en 2003 par exemple).
Sites à consulter :
Pour une analyse approfondie des différences entre les systèmes qui coexistent dans l'enseignement supérieur britannique, il est possible de télécharger les deux rapports détaillés pour l'Écosse et pour Angleterre, Pays de Galles et Irlande du Nord sur le site http://www.eurydice.org/
Projet de loi de finances 2007 : la recherche et l'enseignement supérieur britannique : http://www.senat.fr/rap/a06-079-7/a06-079-716.html
Site de l'ambassade de France au Royaume-Uni : http://www.ambafrance-uk.org/