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Professionnaliser les formations dans le domaine des humanités

 

Actes de la journée d’études du 25 avril 2007

Ouverture de la journée

Alain RENAUT

Professionnaliser les formations
dans le domaine des humanités

 

        La finalité professionnalisante fait partie intégrante des fonctions assignées aux universités depuis leur apparition dans le monde médiéval, au XIIIe siècle. Dès le XIIIe siècle, quand les universités naissent à peu près simultanément à la Sorbonne, à Oxford et à Bologne, elles se caractérisent par le pari de combiner trois fonctions : former les étudiants à des savoirs de haut niveau (donc assurer un enseignement supérieur, correspondant aux plus hauts degrés de formation), édifier ces savoirs eux-mêmes, contribuer à leur élaboration et à leur renouvellement (donc, en termes plus contemporains, faire coïncider la production du savoir avec la transmission du savoir, ce que nous appelons la recherche avec l’enseignement), et enfin, à la faveur de cette coïncidence, produire les élites dont une société a besoin pour assurer un certain nombre de fonctions professionnelles – ce qui a été le cas, dès l’origine, dans les Facultés de droit et de médecine, mais aussi, dans les premiers siècles de l’histoire de l’Université et avant sa laïcisation, dans les Facultés de théologie, qui assuraient la formation des clercs au sens originel du terme.

         J’ai procédé à ce bref rappel, parce qu’on a parfois le sentiment que, chez les universitaires eux-mêmes, les considérations développées aujourd’hui pour mieux intégrer aux missions de l’université la préparation à l’emploi consisteraient à trahir ses fonctions les plus authentiques et à introduire dans l’espace universitaire des considérations malvenues ou dégradantes : ce n’est évidemment pas le cas pour de multiples raisons, ne serait-ce qu’eu égard aux fonctions les plus traditionnelles de l’Université. C’est donc plutôt, il faut le dire et le redire, par oubli de la combinatoire de ses trois fonctions les plus originelles que l’université s’est fermée en France à l’une de ses missions les plus certaines : celle de dégager des élites du savoir, destinées aussi à remplir des fonctions professionnelles mobilisant, directement ou indirectement ce savoir.

         Cela rappelé, pourquoi cet oubli ou ce recouvrement progressif d’une combinatoire constitutive de la formule même de l’institution universitaire ? C’est à esquisser quelques éléments de réponse à cette question que je voudrais consacrer les quelques minutes auxquelles je souhaite réduire cette ouverture, parce que je crois que les raisons de cet oubli ou de ce recouvrement permettent d’apercevoir en creux, ou par la voie négative, au moins en partie ce qu’il faudrait faire pour conjurer cet oubli.

         Diverses raisons me semblent se combiner dans cet éloignement de l’Université française par rapport à l’une de ses fonctions traditionnelles : celle du recrutement d’élites du savoir destinées à mobiliser ce savoir dans des secteurs professionnels clairement identifiés dans leur formation même comme l’horizon de cette formation – comme cela reste le cas pour la médecine et le droit, même si cela peut être, notamment pour le droit, de façon un peu moins claire que jadis.

         Parmi ces diverses raisons, je me bornerai à n’en évoquer qu’une, à partir de laquelle les autres raisons, au moins pour certaines d’entre elles, peuvent être aperçues : il s’agit du développement exponentiel du secteur même des humanités.

Ce secteur est le mien, il est le nôtre, et je n’ai évidemment aucune envie de lui dénier le droit, non seulement à exister, mais même à se développer et à bénéficier de conditions plus honorables de ce développement que ce n’est le cas aujourd’hui, où la misère des universités centrées sur les humanités dépasse en France tout ce que le public, à l’extérieur des universités, peut imaginer – notamment en matière de bibliothèques.

Reste que, si l’on observe la trajectoire des universités depuis leur origine, force est de constater que ce secteur n’existait pas comme tel originellement, mais qu’il se trouvait au fond représenté de deux façons dans l’université médiévale :

– D’une part, quelque chose s’en est trouvé présent dans les Facultés de théologie (qui comprenait notamment de la philosophie, par exemple), quelque chose s’en est trouvé présent donc à l’origine sous cette forme, càd en liaison avec une finalité professionnalisante qui, par définition, n’est plus à la charge des universités laïcisées que sont devenues les universités modernes – bref ce qui, dans les Facultés de théologie, anticipait sur ce qui relève aujourd’hui des humanités s’est en quelque sorte autonomisé par rapport à sa dimension originellement professionnalisante, posant ainsi le problème de savoir à quoi peuvent conduire aujourd’hui les formations, si abondamment pourvues en étudiants, relevant des humanités.

– J’ajoute d’autre part que, puisque j’ai dit que les humanités se trouvaient présentes au moyen âge dans les universités de deux manières, leur autre mode de présence correspondait à leur présence dans ce qu’on appelait la Faculté des arts (à entendre au sens des arts libéraux, comme la rhétorique, etc.), laquelle Faculté des arts avait dans les premiers siècles de l’histoire des universités une fonction propédeutique : les étudiants passaient par la Faculté des arts avant de se spécialiser et de se préparer à une profession dans les Facultés de droit, de médecine et de théologie. Un des signes les plus clairs de l’oubli de cette finalité professionnalisante tient à la façon dont les disciplines relevant de l’originelle Faculté des arts se sont au fond, lors de la refondation républicaine des universités à la fin du XIXe siècle, arrachées à leur fonction initialement propédeutique ou préparatoire pour, non plus contribuer à la construction d’une sorte de culture générale permettant ensuite l’entrée dans des facultés professionnalisantes, mais pour former une Faculté autonome, à savoir, tant qu’il y a eu jusqu’en 1968, des Facultés, ce qu’on appelait Faculté des Lettres et sciences humaines. Du coup, le problème de la finalité professionnalisante des humanités, qui ne se posait pas dans le dispositif originel de la Faculté des arts, aurait dû au contraire se poser d’autant plus fortement aux disciplines relevant des Lettres et sciences humaines qu’au-delà de la reproduction de leurs enseignants, leur mission professionnalisante était par définition moins évidente que ce n’était le cas pour les Facultés de droit et de médecine.

        C’est une banalité de le rappeler, mais cette banalité a sa logique historiquement compréhensible : le problème de savoir comment nos universités peuvent aujourd’hui former des jeunes gens à des emplois correspondant à leurs compétences se pose certes plus ou moins dans tous les secteurs, mais massivement dans celui des humanités, en vertu des deux explications que je viens d’indiquer.

        Ce qui veut dire que, dans la logique de ce constat, il y a sans doute une réflexion spécifique à mener sur la place des humanités dans l’ensemble de notre dispositif universitaire – ce en vue de quoi précisément cette journée (qui ne constitue dans notre esprit qu’un point de départ, dans le travail de notre Observatoire) a été conçue. Concernant cette réflexion spécifique, je ferai, pour mettre un terme à ces propos d’ouverture, deux remarques introductrices que je verse simplement à la discussion que la suite de la journée permettra d’enclencher.

      Première remarque, qui prend la forme d’une suggestion dont j’ai conscience qu’elle est un peu iconoclaste : sans doute conviendrait-il, pour prendre la mesure du problème posé actuellement par la question de la professionnalisation dans le domaine des humanités, de se souvenir du statut originellement propédeutique de ce qui correspondait aux humanités dans l’université médiévale. Je n’ai aucune nostalgie particulière de l’université médiévale, mais il me semble qu’il y a tout de même, dans le rôle propédeutique qui s’y trouvait être celui des humanités, quelque chose à retenir et à réinvestir dans le fonctionnement actuel des universités. Reconstituer ou recomposer un type d’intervention de ces disciplines dans la première partie des cursus conduisant à des formations plus professionnalisantes, par exemple systématiser ce qui a été fait en médecine depuis quelques années en incluant dans la formation des futurs médecins, mais aussi d’autres professionnels de haut niveau une sorte de culture générale répondant aux exigences de leur métier, en matière d’éthique, de psychologie, de sociologie, de droit, d’histoire des idées ou des institutions, d’histoire des cultures, d’histoire de l’art, voire de rhétorique, pour ne rien dire de l’apprentissage des langues, de la découverte des littératures et des civilisations correspondant à ces langues, ce serait déplacer une partie de l’enseignement des humanités (donc aussi du volume horaire et des services des enseignants correspondant à ces disciplines) vers des secteurs où ils contribueraient effectivement à une meilleure formation professionnalisante d’une quantité considérable d’étudiants. Je ne dis nullement qu’il faut massivement réserver l’enseignement des humanités aux premiers cursus des autres secteurs de l’enseignement supérieur : je suggère seulement qu’à accepter de jouer pour une part ce rôle, comme c’est le cas dans beaucoup de pays du monde, l’enseignement des humanités, d’une part, sera souvent plus utile, du point de vue de ses finalités, que ce n’est le cas aujourd’hui, et d’autre part aura davantage besoin d’enseignants – parce que les besoins qui se dessineront alors seront immenses et ouvriront davantage d’accès à des postes dans l’enseignement supérieur, pour les étudiants psyschologues, sociologues, philosophes, historiens, que ce n’est le cas pour l’instant.

      Deuxième remarque, qui complète la première en ouvrant vraiment sur l’objet de cette journée : il ne s’agit évidemment pas dans mon esprit, je le répète, de réduire l’enseignement des humanités à la fonction que je viens de décrire, et donc il faut poser aussi la question (qui est notre véritable question directrice durant cette journée) de savoir que faire, dans les formations relevant des humanités, pour ouvrir ces formations elles-mêmes sur le monde de l’emploi, et pas seulement de façon indirecte, comme je viens de l’indiquer en suggérant de redéployer une partie (mais une partie seulement) de l’enseignement des humanités dans les premiers cursus des autres secteurs de l’enseignement supérieur. Que pouvons-nous envisager, pour l’autre partie des formations dispensées dans ces secteurs, c’est-à-dire celle qui s’adresse, non aux futurs professionnels d’autres domaines, mais bel et bien aux futurs spécialistes des domaines mêmes relevant des humanités – les futurs psychologues, philosophes, historiens, sociologues, etc., pour lesquels la question de l’accès à l’emploi se pose aujourd’hui de façon si difficile ?

       Mes collaborateurs et moi-même avons souhaité préparer cette interrogation, telle qu’elle va structurer cette journée, par deux types d’investigation. D’une part, Ludivine Thiaw-Po-Une et Geoffroy Lauvau ont entrepris de mener une série d’entretiens, à l’intérieur de Paris-IV et à l’extérieur de Paris-IV, auprès de personnalités possédant une vision ou une expérience particulières de cette problématique. Ludivine Thiaw-Po-Une a rédigé, à partir des premiers entretiens ainsi réalisés, une synthèse dont la transcription est accessible sur ce site (ici). D’autre part, sur ce site, un autre document complète cette tentative de réflexion, sous la forme d’un rapport de synthèse élaboré par Justine Martin sur les différentes politiques universitaires de professionnalisation menée dans les autres pays européens (ici). Ces documents, qui s’enrichiront encore dans les semaines qui viennent, resteront accessibles sur ce site.

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